Arthur H : "Baba love".
Arthur H ! H seulement, parce que cela fait longtemps qu'il n'est plus le fils de, mais un artiste à part entière, avec un univers à lui. Arthur H, c'est d'abord cette magnifique voix grave, qui lui permet d'affronter tous les genres, du jazz au rock en passant par la chanson à texte. Parce qu'Arthur H est un artiste protéiforme, il ne se contente pas d'un style, d'un genre musical. Pourtant, à chaque fois, quand on écoute ses chansons, elles sont tout de suite reconnaissables, c'est la marque des plus grands.
La découverte d'un disque se fait naturellement par la pochette,et celle-ci, réalisée par le studio Strangerous Artworks est magnifique. On y voit la tête dessinée d'Arthur H qui ressort d'un amas de plumes rouges, noires et blanches : de la folie et de la douceur, un excellent résumé de ce qu'est ce disque. Après la pochette, l'autre contact se fait avec l'objet disque lui-même. Dans le cas du CD, aucun intérêt, c'est un CD, par contre le vinyl est particulièrement beau : un magnifique rouge.
Le disque commence par cheval de feu, superbe ballade au piano (on trouve les paroles de toutes les chansons du disque ici). L'instrument est d'ailleurs omniprésent sur tout l'album. Rythmique piano percussion répétitive, qui s'accélére puis s'étoffe. La partie parlée de la chanson où Arthur fait valoir sa voix grave est superbe.
On enchaîne ensuite avec Ulysse et Calypso, dans la même veine. Jolie chanson d'amour aux références mythologiques. Arrive ensuite le premier grand moment de cet album : "Give me up". Un groove endiablé, avec une basse formidable.Désolé pour la vidéo, elle n'est pas de très bonne qualité.
Question rythme, on enchaîne sur "Le paradis il est Chinois", qui n'en manque pas. Très belle orchestration en sus. A noter que sur l'album, Arthur H est accompagné de Saul Williams. La version concert (celle de la vidéo) est deux fois plus longue que celle de l'album et beaucoup plus rock.
"La Beauté de l'amour", chanson extraordinaire, avec trois temps qui s'enchainent : couplet, 1er refrain, puis second en anglais chanté sur l'album par sa soeur Izia. Rythme, paroles, tout y est formidable. Là encore, préférer la version concert, où il chante tout lui-même, pour ma part, j'ai un peu de mal avec la voix d'Izia, seul bémol avec cette chanson.
Apaisement garantie avec "Dis-moi tout", chanson suave, presque sussurée un peu longue, mais qui introduit de façon idéale celle qui suit. Attention, les 8 minutes qui suivent sont parmi les plus choses que j'aie jamais entendu. Arthur H renoue avec cette tradition de la chanson française qui consiste à mettre en musique de grands poètes. C'est donc Ghérasim Luca qui a cet honneur ici, avec un texte sublime, où il construit des néologismes verbiaux à partir de noms, le tout est superbement accompagné, mis en valeur par le piano et la voix d'Arthur H. Une de mes chansons préférée de ces dix dernières années. S'il ne faut en écouter qu'une seule, c'est celle-ci, et pour le coup, préférer la version studio, c'est la plus sobre, la plus belle.
La face B commence avec Baba love (cherchez pas sur le CD, il n'a pas de face B, je parle évidemment de vinyl). Bonne chanson certes, mais qui n'a rien d'original par rapport aux deux premières de la face A, si ce n'est qu'Arthur H montre qu'il est capable de prouesses vocales.
Basquiat est de nouveau en collaboration avec Saul Williams. Chanson agréable où le piano prédomine, tout comme l'arc en ciel, collaboration là aussi, mais avec Claire Farah ( Sur l'album).
"Un rayon de soleil" est la chanson la plus courte de l'album, elle ne présente pas d'intérêt particulier, si ce n'est celui de précéder l'autre grand moment du disque : "L'ivresse des hauteurs", chantée avec Jean-Louis Trintignant. C'est là une véritable ballade à travers la nature, à travers les sens, à travers la vie qui nous est proposé. C'est un texte parlé plus que chanté, mais la partition au piano est sublime, démontrant si besoin en était encore, qu'Arthur est un grand musicien et un grand parolier. Je conseille d'écouter la chanson en s'imprégnant de l'image de la pochette, il semble que les deux sont complèmentaires. La version studio dure 12 minutes : que du bonheur.